vendredi 6 janvier 2012

[Auto-nos-médias] La police de poitiers saisit l'Epine Noire

[Nous découvrions récemment avec plaisir que le numéro 1 du journal de contre-informations de poitiers et ses environs "l'Epine Noire" était sorti - succédant ainsi au numéro zéro. Nous relayons cette brève écrite par les auteurs du journal à propos de leurs mésaventures avec quelques uniformes et vous encourageons par la même à découvrir leur publication... Chaque répression de l'expression révolutionnaire doit se transformer en propagande de cette dernière. Chaque coup porté par la censure se retournera immanquablement contre elle : LISEZ L'EPINE NOIRE !]

Communiqué du Journal "L'épine noire"

Chronique de l’arbitraire : Quand diffuser de l’information devient potentiellement criminel


Ce mercredi 4 janvier au soir, la police politique de Poitiers était sur les dents. Un petit nombre de personnes distribuait des tracts (soutien aux inculpées de Labège) et un canard local (L’Épine Noire) devant les marches du Théâtre-Cinéma de la place d’Armes au centre-ville. Pourquoi une distribution à cet endroit ? Parce qu’il y avait la projection du film-documentaire Tous au Larzac avec un débat organisé par les Alternatifs, écologistes et autres. Autant dire qu’il y avait un grand nombre de poitevin-es et des environs qui sont venues pour y assister. L’idée était donc d’informer sur la situation des camarades de Toulouse et de faire connaitre l’Épine Noire… Pas d’entrave à la circulation, pas de papiers par terre (le public était évidemment intéressé par ce que nous distribuions), pas de violence en réunion, pas d’alcool, pas d’armes par destination, que de bonnes intentions.

Nous ne sommes pas rentrés pour la diffusion du film, on aurait peut être dû, vu ce qui s’est passé ensuite. À peine le dernier spectateur entré dans le cinéma, la Bac et la police nationale avec pas moins de six bagnoles sont venues interpeller six personnes dans des rues adjacentes au Théâtre-Cinéma. Les gardiens de l’ordre ont contrôlé les identités vraiment pour la forme, vu que nos tronches leur sont familières. Puis, ils ont confisqué les journaux ainsi que de simples couteaux. Mais ce n’est pas fini : la police nous amène quand même au commissariat.

Au commissariat, rien de très alléchant, à part peut-être de voir le directeur de la police, Jean-Francois Papineau, et ses collègues avec, entre les mains, l’Épine Noire (c’eût été de belles photos pour le prochain numero). Les six personnes embarquées sont sorties, certaines ramenées jusqu’à leur domicile pour vérification d’adresse. Une personne est sortie avec une convocation au commissariat pour port d’armes, reconvoquée aujourd’hui elle ressort avec un rappel à la loi et ils en ont profité pour prendre ses empreintes et lui tirer le portrait. D’autres personnes, vraisembablement, seront prochainement convoquées pour l’Épine Noire.

La venue du président de la République dans la région, aujourd’hui 5 janvier, à l’occasion des vœux à l’Éducation nationale, est sans doute une des raisons de leur intervention. D’autres suggèrent que c’est la distribution fortuite du canard à un RG qui allait assister au débat sur le Larzac, qui a mis la puce à l’oreille de nos amis les bleus. Les pandores n’auraient-ils pas eu vent d’un article sur le successeur de notre cher Tomasini (P..on), Yves Dassonville qui, après avoir chassé le syndicat (« voyou », disait-il) USTKE en Kanaky entame une nouvelle campagne en terre pictave contre d’autres voyous. Encore un petit effort Dassonville et l’Épine Noire verra croître son audience comme l’USTKE a su résister aux assauts colonialistes.

Cet acte est grave, car il s’agit plus que d’une énième provocation policière pictave à l’encontre de certains individus présumés anarchistes, terroristes, délinquants, voleurs, voyous, et mille autres qualificatifs qui ne sonnent finalement pas plus mal que « PAPON », « baqueux », « éducastreur », « parti de l’ordre » ou « serviteur de l’État ». En effet la police a saisi tous les exemplaires de l’Épine noire qui restaient sur chacun d’entre nous [Ça n'est pas la première fois que les flics confisquent du matériel militant]. Il s’agit là d’une atteinte manifeste au droit d’expression et de diffusion d’écrits politiques. Et ça nous ne saurions le tolérer pas plus que le reste. Comme quoi leur démocratie est à géométrie variable…

Bref, en tout cas comme ça l’est souvent rappelé, Poitiers reste une ville où le pouvoir teste le degré de résistance, teste des méthodes relevant de la contre-subversion. C’est une confirmation d’un rapport que la police entretient avec un certain groupe de personnes supposées appartenir à un mouvement politique qui est particulièrement dans le viseur actuellement à Poitiers et ailleurs. Tout est à surveiller comme du lait sur le feu. C’est une véritable chasse aux sorcières qui est à l’œuvre, le spectre des lois scélérates n’est pas loin.

Nous invitons toutes celles et ceux, individuellement ou collectivement à donner leur point de vue sur cette question s’ils le souhaitent.

Qu’ils sachent que ces méthodes qui souhaitent mettre à bas toute contestation du pouvoir, du capital et de ses chiens de garde ne nous décourageront pas. Au contraire cela nous donne encore envie de continuer de nous battre contre ce monde autoritaire et marchand.

L’Épine Noire, 5 janvier 2012.

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