vendredi 28 octobre 2011

"A sarà düra !" [retour sur le mouvement NO TAV]


Expression qui pourrait vouloir dire "ça sera dur", ou encore "ça va barder". C'est devenu un des cri de ralliement de la contestation contre le désormais presque célèbre chantier de la ligne de Train à Grande Vitesse Lyon-Turin (ou "Trane Alta Velocita"), le mouvement "NO TAV".

Nous vivons une époque "comique", où lorsqu'un mouvement qui dure depuis des années avec le soutien et la participation active de la majorité des habitant-e-s, monte en intensité, et atteint des manifestations à plus 70 000 personnes comme cet été, ponctuées à chaque fois par des affrontements avec la police et des sabotages du chantier de construction tout concourt à faire comme si rien ne s'était passé. D'un coté, les médias dominants et les partis politiques parlementaires, de la droite à l'extrême gauche, condamnent unanimement une protestation qui "n'aurait pas lieu d'être", irait "à l'encontre du progrès", et serait tout bonnement "absurde".

D'un autre coté, une partie des mouvements révolutionnaires s'emploie à ignorer gentiment
un mouvement vu comme "réactionnaire" ou qui ne porterait que des revendications partielles.

On ne conjure jamais autant un mouvement que lorsqu'il est autonome, et se renforce à mesure qu'on le traite entre indifférence, mépris et lassitude.

Pourtant, au delà de certaines postures régionalistes ou identitaires, et de simples griefs réactionnaires contre "Le Progrès" (ce sacro-saint dispositif de répression préventive qu'il est devenu quasi-impossible de remettre en cause sans être assimilé au fascisme ou au romantisme) il y a clairement, dans cette lutte, des aspects qui permettent de dire sans se tromper qu'elle constitue une véritable ligne de front contre le capitalisme et l'Etat.

"A contre-Progrès" ?

"Les véritables alternatives sont à vrai dire catastrophiques : elles impliquent non-seulement des changements dans les institutions sociales, les objectifs et les politiques établis mais aussi leur disparition pure et simple. Cette nouvelle direction du progrès menace en vérité l'ensemble de la société. Même si elle tend vers le point de non-retour, qui est, historiquement, celui du changement qualitatif, la société industrielle mobilise toute ses ressources contre cette éventualité".

Herbert Marcuse
in "Le problème du changement social
dans la société technologique"


Ce qui se joue dans cette lutte idéologique concernant le T.G.V ou T.A.V, ce n'est pas seulement la construction d'un train, mais la question de la rationalité technologique du capitalisme et son application directe dans la vie quotidienne. La construction de cette ligne de train, qui rencontre une contestation de plus en plus massive et de plus en plus offensive, aura mobilisé jusqu'ici tout ce que la société capitaliste possède d'infrastructures idéologiques, politiques, et donc policières et même militaires pour exorciser cette opposition féroce qu'elle se refuse à ne serait-ce que comprendre. Si ce sont la police et le chasseurs alpins qui protègent aujourd'hui systématiquement le chantier de construction du T.A.V, c'est parce que tout les moyens de propagande, et de répression préventive (incluant les techniques les plus modernes de manipulation publicitaire, de propagande et de marketing) ont été mobilisées... en vain.

La force de cette rationalité de la technique, qui modèle en fin de compte nos façons de penser et même de voir le monde consiste à nous laisser croire que le cours du progrès technique, et que les innovations en matière de technologie sont neutres, ou vont forcément de paire avec le progrès social. Ce mythe est aussi bien entretenu par les économistes et politiciens libéraux les plus chevronnés, un bon nombre de réactionnaires (justement), que par la militance gauchiste et sa vieille rhétorique marxiste. La société moderne donne à voir franchement à quel point l'idée selon laquelle "le progrès est nécessairement le sens de l'histoire" constitue un fantasme positiviste particulièrement éculé.

D'abord parce que la critique de l'utopie technologique du capitalisme a été refoulée. Sa force est aussi d'avoir réussi à réconcilier des valeurs et des forces traditionnellement vues comme antagonistes (comme le Travail et le Capital), mais aussi des tendances oppositionnelles autrefois marquées : comment serait il possible sinon que dans quasiment tout le spectre politique traditionnel, de la droite populiste à l'extrême-gauche parlementaire, on ne trouve rien à dire, sinon des louanges ou des platitudes, concernant ce projet de construction de TGV/TAV et la contestation qu'il rencontre depuis des années.

Les concepts même de "modernité", de "progrès", ou "d'avenir" ont été si vidés de leur substance théorique et de leur charge critique qu'il est devenu possible pour des tendances politiques vues comme irréconciliables de s'accorder sur l'essentiel à partir de la définition de ces catégories devenues parfaitement inopérantes.

Entre gauchisme et tentation réactionnaire :
les écueils d'une lutte moderne contre le capital et l'Etat
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Outre une expression parfois mal assumée de remugles passéistes et de nostalgie pour la vallée de Suse, quelques frasques teintés de relents réactionnaires pour ses verts pâturages, ses petits villages et ses résident-e-s au mode de vie si typiquement champêtre et "proche de la nature", un autre aspect de cette lutte a été le besoin manifesté par la frange la plus avancée du gauchisme d'y faire la police.

En terme de rappel à l'ordre, il faudra compter sur cette perle postée sur Indymedia Italia le 15 Août 2011, qui s'en prend aux "punks à chiens existentialistes" à qui on reproche soit d'être là pour se battre contre le T.A.V comme tout le monde, soit sans doutes d'être existentialistes - au choix - notamment donc dans le texte du CSO Askatasuna "Riflessioni sul dodicesimo campeggio No Tav" - "Réflexions sur le douxième campement No Tav", où leurs auteur-e-s expliquent donc tranquillement que "nous devons comprendre que la lutte de la vallée n'est pas faite que de l'inclination existentielle des punks à chiens à brandir leur doigt contre la police [...] mais [...] par des gens qui paient des impôts et emmènent les enfants à l'école, étudient ou prient [et] travaillent". Que faudrait il donc conclure d'un tel lieu commun, sinon que les gauchistes à la sauce Askatasuna préfèrent les gens qui prient et emmènent leurs enfants à l'école aux punks à chiens ou aux anarchistes (qui en plus de ne pas prier, sont rarement solvables, et évidemment ne travaillent jamais et n'emmènent pas leurs enfants à l'école -puisqu'ils n'ont pas d'enfants-) ?

Dans la défense rassurante de "l'ordre et de la discipline" dans le mouvement, le parti pris par des organisations telles qu'Askatasuna a clairement été l'hégémonie morale et décisionnelle (même dans une optique confrontionnelle, à déterminer quelle action était censée ou appropriées et lesquelles ne l'étaient pas), et l'enjeu devient alors le pouvoir. Là aussi, la gauche extra-parlementaire en fin de décomposition se cherche un alibi en jouant aux arbitres : là où les staliniens grecs empêchent la foule révoltée de prendre le parlement lors de la dernière grève générale d'octobre 2011 (peut être par peur qu'il ne soit incendié), les néo-staliniens "autonomes" italiens ont joué aux "militants sérieux" dans un mouvement qu'ils tentent de contrôler pour y faire la pêche aux nouvelles recrues et se refaire une jeunesse mais qui les débordent tant par sa forme que par son contenu, et qu'ils sont donc incapables de comprendre aussi bien théoriquement que pratiquement pour les raisons expliquées plus haut. Plus simplement, ce qui se joue là n'est pas qu'une querelle d'ordre syndical ou même seulement de classe ou la question de savoir au juste qui sont "les vrais gens qui mènent la lutte anti-TAV", mais bien plus de remise en cause du fonctionnement même du processus d'industrialisation et de ce qu'il implique : c'est à dire d'une véritable offensive qui transforme le capitalisme en machine de guerre et renforce tout les pouvoirs de l'Etat.

La société (comme ensemble prétendument pacifié et homogène) devient ainsi plus visiblement ce qu'elle était déjà essentiellement : un faux semblant de l'Etat, lui toujours prêt à sortir les armes et à montrer les crocs lorsqu'un axe des flux de marchandises est sous le coup d'une menace. Ce peut être une grève générale à l'échelle d'une nation, et ce peut être le mouvement No-Tav sur une frontière. Dans les deux cas, c'est un mouvement qui paralyse un pan de l'économie et jette un pavé dans les rouages.

Mais bien plus qu'un simple mouvement "anti-capitaliste", le mouvement No-Tav rencontre
sans doutes un tel engouement spontané et international parce qu'il touche à tout ce que la vie quotidienne dans la société capitaliste a de plus insupportable : destructions de la nature comme habitât humain et comme ensemble vivant, restructurations permanentes et dégradations exponentielles des conditions d'existence, exodes quelconques, et répressions féroces de toutes contestations ou révoltes autonomes.

... psychose sociale de la vitesse et destruction de la nature.

"Les maîtres de la société sont obligés maintenant de parler de la
pollution, et pour la combattre (car ils vivent, après tout, sur la
même planète que nous ; voilà le seul sens auquel on peut admettre
que le développement du capitalisme a réalisé effectivement une
certaine fusion des classes) et pour la dissimuler : car la simple
vérité des nuisances et des risques présents suffit pour constituer un
immense facteur de révolte, une exigence matérialiste des exploités,
tout aussi vitale que l'a été la lutte des prolétaires du XIX siècle
pour la possibilité de manger."
Guy Debord, in "La planète malade".


Entre les jeunes actionnaires toujours plus assoiffés de chiffres qui défilent à 200 à l'heure mais qui revendiquent leur voiture "hybride" ("mi-pétrole, mi-nucléaire") et leur mode de vie "bio", les jet-setters et les animateurs télé défoncés à la cockaïne qui font des stages de désintoxication à la campagne pour y rechercher le "terroir" et le "local", une jeunesse dorée fascinée par un modèle de réussite fait de flambe et de consommation ostentatoire mais toujours plus attirée par les artificiels "espaces verts" urbains, dans les images d'environnements domestiqués et autres erzats de "nature", le nouvel "exode urbain" de cette petite bourgeoisie qui vient gentrifier les banlieues et les campagnes en quête "d'humanité et de nature", le capitalisme génère chez ses enfants les plus gâtés un ennui et une sensation de vide qui ne peut être compensée que par une quête absurde d'intensité et de vitesse (dont le pendant "vert" est le bobo bio et ses quêtes mystiques) dans laquelle l'illusion d'être "proche de la nature" constitue le plus rassurant des palliatifs dans des villes où tout en a été parfaitement chassé, dégradé et détruit. Les marchandises doivent aller et venir toujours plus vite au milieux des plantes en plastiques et des micro-forêt enfermées dans des cages en béton, le capital circuler toujours plus vite à mesure que se déverse tout les flots de déchets toxiques dans les airs, sur la terre, dans les océans, les rivières et les mers, etc. Cette fuite en avant de la société reflète en fait le dépérissement de l'économie et son expression culturelle la plus grotesque : le mépris de la nature "teinté de vert" (où le "réformisme écolo" façon capitalisme vert ne représente en fait qu'une autre facette guimauve de la bourgeoisie éprise de ses propres états d'âme pour les conséquences de son mode de vie, et qui croit encore pouvoir se survivre) , la haine des faibles sous couvert de "plaisir" ou de "réussite", le machisme le plus caricatural, le culte de l'apparence, la fascination morbide et le fétichisme de la violence (comme simple défouloir) ou son rejet abstrait et dogmatique, et évidemment les tentations réactionnaires, etc... Ces attitudes et ces visions du monde correspondent parfaitement à la morale dominante faite de darwinisme social et d'individualisme libéral dans laquelle seul-e-s ceux et celles qui "s'adaptent" survivent. Et c'est là que l'évidence crève les yeux : tout le monde ne peut pas manger "bio" ni s'acheter une maison ou une ferme à la campagne avec panneaux solaires. Et ce paradigme s'exprime aujourd'hui sous ses aspects les plus brutaux précisément parce que le capitalisme est pourrissant.

Et il implique nécessairement la destruction de la nature : l'écocide. A la bagnole et son idéologie la pollution de l'air et les milliers de morts sur les routes chaque année, aux milliers de produits cosmétiques et aux abats-faim de l'alimentation polluée l'empoisonnement des corps, une santé toujours plus fragile, et l'exploitation animale nécessairement industrielle et son évidente barbarie, et donc par conséquent l'empoisonnement des terres, de l'air et des mers à cause du lisier de cochon, du méthane des vaches (qui représente plus de gazs à effets de serre en europe que tout le traffic automobile réuni) mais aussi les nuisances liées au transport, et pas seulement la pollution stricto sensu mais le bruit incessant des machines et du travail aliéné, les paysages dévisagés, etc... Et au TGV ou TAV, son corolaire si évident et pourtant rarement abordé :

L'énergie nucléaire.

"Procuste en tenue moderne, le savant en recherches nucléaires préparera le lit sur lequel l'humanité devra coucher; et si l'humanité n'y est pas adaptée, ma foi, ce sera tant pis pour l'humanité."
Aldous Huxley, in "Le Meilleur Des Mondes"


Car en effet, dans un monde tel que celui là, la multiplication des lignes de train à grande vitesse ne peut que justifier encore et toujours la course à l'énergie nucléaire et la construction de nouvelles centrales, de nouveaux réacteurs (comme l'EPR de Flamanville, dont même les socio-démocrates avouent désormais ouvertement vouloir poursuivre la construction), etc, etc... Et c'est bien l'atome et son exploitation qui scelle aujourd'hui le sale tableau d'une société écocidaire où la vitesse et les TGV (et ce qu'ils transportent : principalement des cadres supérieurs, des bourgeois et des marchandises) tournent à l'uranium : toujours plus de déchets intraitables qui sont autant de dettes sur tout projet de société future. Parce que là où l'air et le sol sont irradiés, on ne construit pas une société libérée de l'Etat, des classes et de toutes les autres dominations.

La lutte contre le TAV, comme la lutte contre le nucléaire ne sont qu'une seule et même lutte contre l'écocide capitaliste et étatique.

Et il faudra bien en finir, d'une manière ou d'une autre.
Et plus ça durera, plus ce sera dur.

vendredi 14 octobre 2011

Communiqué des "panthères enragées"

[Communiqué des Panthères Enragées, groupe révolutionnaire pro-libération animale,
daté du 10 0ctobre, suite aux incidents de Rodilhan, et notamment aux agressions perpétrées
contre des militant-e-s anti-corrida. Ne le relayons malgré de lourdes réserves sur l'utilisation
d'un registre sémantique psychiatrisant et psychologisant que nous ne cautionnons pas -sous entendant que les afficionados seraient des "malades"- Ce vocabulaire est problématique pour nous parce qu'il déni le caractère politique de ces violences et la responsabilité de ses auteurs. Nous rappelons que nous sommes contre les comportements patriarcaux et que si nous luttons contre la corrida et les afficionados, c'est parce que ce sont des ennemis politiques et des tortionnaires qui se complaisent dans une culture réactionnaire, ultra-patriarcale et morbide. Il nous semble que la réflexion pourrait être orientée aussi dans ce sens. Et que le meilleur moyen de s'y opposer -comme cette action le démontre de par sa capacité de nuisance- reste l'action directe. C'est pourquoi la conclusion du communiqué auquel nous adhérons nous semble contradictoire avec ce vocabulaire. Solidarité aux camarades arrêté-e-s et brutalisé-e-s pendant cette action.]

Ultra-violence contre des militants pacifistes anti-corrida



Rassemblement anti corrida arène rodilhan (08.10... par licaon

Comme de nombreux/euses militant-e-s nous avons vu les images terrifiantes de la déferlante ultra-violente contre les militant-e-s pacifistes venu-e-s exprimer leur opposition à la corrida de la commune de Rodilhan (près de Nimes).

Nous exprimons notre solidarité avec les victimes humaines et animales de ces dangereux pervers[1] que sont les aficionados. Nous condamnons ces violences et la complicité policière.

Les violences physiques, nombreuses (coups de pieds, coups de poings, dans le dos de militants pacifiques et enchaînés qui ne pouvaient pas se défendre, canons à eau, ont atteint leur paroxysme avec des agressions sexuelles (attouchements, arrachage de t-shirts et de soutiens gorges). (Faits rapportés par les militantEs eux/elles-même).

Face à ces diverses agressions, la police, complice, à visiblement laissé faire : on les voit admirer le « spectacle » mains sur les hanches, laissant les militants se faire sortir un à un, trainés violemment sur le sol par les aficionados, ravis d’avoir le terrain libre pour se faire « justice » eux-même.

Nous ne pouvons que faire l’analogie entre ces meurtres publics ritualisés que sont les corridas et les violences sexuelles qu’ils ont tenté de commettre. Comment ne pas voir la jouissance collective d’une victime désignée alors qu’ils ont prouvé quand ils en avaient l’occasion qu’ils étaient des violeurs en puissance.

Notre position est claire : il faut faire cesser ces massacres que sont les corridas et stopper ces pervers[1] aficionados. L’état est ouvertement complice : Ne laissons pas les pervers[1] en liberté : réclamons vengeance pour nos camarades taureaux assassinés et pour les militants agressés.

L’état en est incapable : nous devons les arrêter au plus vite !


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- Un article paru dans la presse Belge -

samedi 1 octobre 2011

Le Rémouleur [programme d'octobre 2011]

Octobre 2011 au local Le Rémouleur (Bagnolet)

Le Rémouleur

106 rue Victor Hugo
93170 Bagnolet
(M° Robespierre ou M° Gallieni)

leremouleur ((A)) riseup . net
S’inscrire à la lettre d’info du local : https://lists.riseup.net/www/subscribe/leremouleur/


Dimanche 2 Octobre - 18H

Discussion autour de « Sans Remède »

Présentation du n°3 de Sans Remède, journal critique du système psychiatrique. Ce sera l’occasion de discuter de la nouvelle loi sur les « soins sans consentement » et son application.

Mercredi 5 Octobre - 19H30 _

Cycle en 2 parties : Société du nucléaire
1ère partie : Retour sur sept mois de catastrophe nucléaire au Japon

Le 11 mars 2011, on parle, pour la première fois depuis Tchernobyl, de catastrophe nucléaire à Fukushima. Depuis, il semblerait que la situation soit « sous contrôle ». Pourtant, pour les habitants de la région de Fukushima ainsi que pour les milliers de travailleurs envoyés chaque jours pour tenter de « décontaminer » le site, la catastrophe dure toujours. Ici, plus personne n’en parle. C’est pourquoi il nous a semblé utile de revenir sur la manière dont est « gérée » cette catastrophe au Japon et ici.

Lundi 10 Octobre - 19H30

Discussion sur les transformations du Bas Montreuil et Bagnolet

Cet été, il y a eu deux expulsions d’immeubles : celui de la rue des Sorins sur le bas Montreuil et de celui de la rue Robespierre à Bagnolet. Elles ne sont pas passées tout à fait inaperçues du fait de la résistance des occupants et des voisins solidaires. La préfecture et les mairies commencent par déloger de manière systématique les plus pauvres et les sans papiers, mais c’est l’accélération d’un processus général de transformation complète des quartiers populaires qui est en œuvre avec la complicité des promoteurs immobiliers. On assiste tout autour de nous à des expulsions, des non reconductions de baux, des ventes immobilières, des démolitions, des constructions...
Dans ce grand « nettoyage » programmé, pour reprendre l’expression d’un élu, il est tout d’abord nécessaire dans un premier temps de s’informer et de discuter ensemble afin d’essayer d’y voir un peu plus clair dans les plans d’urbanismes avancés. Nous vous invitons à grand renfort de cartes et de plans...à une première rencontre.

Vendredi 14 Octobre - 18h30

Rencontre/débat avec le collectif « non au béton oui au gazon », quartier de la Boissière, Montreuil.

En juin 2010, lors du lancement par la Mairie du méga-projet de restructuration urbaine dit « les Hauts de Montreuil », les habitants des cités de l’Amitié et des Roches s’étaient mobilisés pour s’opposer à la construction d’immeubles sur les deux espaces verts de leurs cités, en dénonçant en même temps d’autres responsabilités de la municipalité dans la détérioration des conditions de vie de ce quartier populaire (écoles, santé, transports, espaces culturels et sociaux...). Après une année de lutte, la mobilisation des habitants, qui se sont organisés en collectif, a mené à une première victoire : l’annulation du permis de construire sur la pelouse de la cité des Roches. Aujourd’hui, la lutte n’est pas finie, et d’autres collectifs se sont formés dans le quartier pour s’opposer à des projets du même type, et ils essayent de continuer et élargir leur bataille. Des membres du collectif « non au béton oui au gazon » et d’autres habitants mobilisés dans le même quartier, proposent une soirée d’échange et débat à partir de leur expérience.

Dimanche 16 Octobre - 18h

Écoute du documentaire sonore « Devenir patient », réalisé en janvier 2011 à la clinique de Soins de Suite et Réadaptation (SSR) de Romainville

Visite au cœur d’une clinique privée. Entre gestion productiviste, isolement partagé, pouvoir médical et solitude collective, les patients font le récit de leurs quotidiens en contradiction avec les discours médiatiques de l’établissement. Cette soirée pourrait être l’occasion de discuter des difficultés d’organisation collectives inhérentes à ce type de structures, d’interroger la possibilité d’établir un+ lien intérieur/extérieur (pour briser les logiques de l’enfermement), et plus généralement de réfléchir nos capacités en terme d’autonomie en matière de « santé ».

Dimanche 23 Octobre - 19h30

Projection de La crise de Coline Serreau (1992)

Une comédie qui montre la rencontre entre « Michou » (Patrick Timsit), pilier de bar en galère de logement qui sait bien jouer au « pauvre », et Victor (Vincent Lindon) conseiller juridique qui perd le même jour son emploi et sa femme mais… n’en reste pas moins plein des attributs de sa classe.

Dimanche 30 Octobre - 19h

Projection de Kashima Paradise , documentaire de Yann Le Masson de 1973 sur le Japon des années 70

Malgré des « lourdeurs marxistes-léninistes », ce film reste important pour comprendre les contradictions entre valeurs traditionnelles et capitalisme moderne dans le contexte des luttes de l’époque. Et ceci pour tracer des pistes vers une compréhension du Japon d’aujourd’hui y compris la crise nucléaire actuelle et les oppositions existantes.

- PDF du Programme -