vendredi 29 avril 2011
"Qu'est-ce que l'anarchisme ?" (Livre)
Nouvelle mouture des éditions L'échapée, préfacée par Emma Goldman, le livre est un peu cher (14€) mais très dense (on songera à la possibilité toujours ouverte de reprise individuelle dans les points de distribution participants...), et regroupe un ensemble de textes dans lesquelles l'anarchiste communiste russe "Sacha" (Alexander Berkman), expose sa vision de l'anarchisme en s'adressant directement au lecteur (par le tutoiement) dans un langage simple et concis, sans fioritures, et qui tente à sa manière de répondre à la plupart des aprioris récurrents et toujours cruellement actuels sur les anarchistes, et leur idée de la révolution.
Un livre de la même trempe que le "discours entre deux paysans" de Malatesta.
« Une initiation claire et nette comme trompette à la guérilla anti-autoritaire frigoussée par une des figures de proue du communisme anarchiste russe ayant toujours eu de la suite dans les idées (Berkman décharge son revolver en 1892 sur Mister Frick, le dirlot d’une usine de Pittsburgh en grève). » Noël Godin, JDM, n°218
Courte Biographie :
Alexander Berkman (1870-1936), anarchiste russe exilé aux Etats-Unis en 1888. En 1892, il commet un attentat contre le directeur d'une usine en grève. Libéré en 1906, il participe à de nombreuses luttes, écrit dans des journaux libertaires et fonde l'école Ferrer à New York. En 1919, il est expulsé vers la Russie avec Emma Goldman. Désenchantés par ce qu'ils y découvrent, ils partent en 1921 en Suède puis à Berlin où Berkman publie "Le mythe bolchevique". Il finit sa vie en France.
Bibliographie partielle :
- "Le mythe bolchevique"
- "La rébellion de Kronstadt et autres textes"
- "Mémoires d'un anarchiste en prison"
- "Qu'est-ce que l'anarchisme ?"
jeudi 28 avril 2011
Des nouvelles du procès de Vincennes
Le 22 juin 2008, le centre de rétention de Vincennes était entièrement détruit par un incendie au cours d’une révolte.
Le 17 mars 2010, dix anciens retenus ont été condamnés à des peines de prison allant de 8 mois à 3 ans ferme. Ils ont fait appel de ces condamnations et sont actuellement libres.
Depuis le début de l’instruction les avocats de la défense ont fait un certain nombre de demandes qui leur ont toutes été refusées. Parmi ces demandes, la jonction du dossier sur la mort de Salem Souli qui avait été un élément déclencheur de la révolte, ainsi qu’une demande d’expertise indépendante des matériaux de construction des bâtiments et du mobilier qui permettrait d’expliquer la vitesse de propagation du feu.
Avant le procès en appel qui devrait se tenir cet automne, les avocats de la défense ont obtenu une audience au cours de laquelle ces demandes seront examinées. Elle se tiendra le 6 mai 2011 au TGI de Paris. Il ne s’agit pas seulement d’une formalité de procédure, le résultat de cette audience aura un impact sur le déroulement du procès en appel.
Depuis l’incendie de Vincennes, de nombreux autres centres de rétention, en France ou ailleurs, ont été détruits ou endommagés par des révoltes. Le 9 mars dernier, le centre du Canet à Marseille a partiellement brûlé, 6 retenus sont actuellement en prison, accusés d’être à l’origine de l’incendie.
La destruction même partielle d’un centre de rétention a des répercussions immédiates sur le nombre d’arrestations et d’expulsions. Ne serait-ce que pour cette raison, que ce soit à Vincennes, à Marseille ou ailleurs, l’Etat ne peut pas laisser les centres de rétention être détruits sans désigner des coupables à punir.
Que ce soit dans la rue, devant les centres de rétention, dans les aéroports... ou devant les tribunaux, exprimons notre solidarité avec celles et ceux qui se révoltent contre la machine à expulser.
Rendez-vous le Vendredi 6 mai 2011 à 13h30 à la cour d’appel du TGI de Paris Pôle 2 chambre 9.
Liberté de circulation et d’installation !
Fermeture des centres de rétention !
Plus de papiers du tout !
Source : Le Jura Libertaire
lundi 25 avril 2011
Communiqués des anarchistes italiens
[Nous abordions récemment, à travers des articles de sites amis, la vague répressive qui a touché ce que les flics appellent "la mouvance" à travers plusieurs squats et centres sociaux en Italie, et les incarcérations qui ont suivit. Voici trois communiqués à propos des anarchistes incarcérés]
Bologne : on ne peut pas arrêter la lutte !
Les terroristes sont ceux qui enferment et bombardent !
Après les perquisitions et les 6 incarcérations (5 à Bologne et 1 à Ferrara) de mercredi 6 avril, un groupe d’individus solidaires s’est rassemblé le matin-même devant le commissariat en attendant des nouvelles.
Ensuite, après une assemblée tenue du côté de la fac, une manifestation a traversé les rues du centre pour informer sur les événements du matin et relancer la mobilisation contre la guerre et la répression de l’Etat, partout où elles frappent.
Après un arrêt place Verdi où la circulation a été bloquée, le cortège a continué pour rejoindre en bus la prison Dozza. On a tenté d’atteindre le coeur des compagnons incarcérés avec des choeurs et des coups de mégaphone, pour répéter qu’on ne les laissera bien évidemment pas tous seuls.
La solidarité a été nombreuse et généreuse, et c’est d’autant plus nécessaire en ce moment parce que la répression ne concerne pas toujours les mêmes, mais s’étend à tous ceux qui pourraient potentiellement porter de l’instabilité contre ce système. La solidarité est une arme qui donne de la force pour ne pas reculer, elle atténue la peur et accroît le courage dans la lutte.
Pour décider des prochaines initiatives en vue de la manifestation de samedi 16 avril : demain 7 avril à 16h il y aura une assemblée dans la salle C, à la faculté de sciences Po, Strada Maggiore 45
Liberté pour Anna, Martino, Nicu, Robert, Stefi et Strego !
LES FUORILUOGO
Traduit de l’italien de informa-azione, Mer, 06/04/2011 - 23:48
A propos des perquisitions et des incarcérations du 6 avril à Bologne
Mercredi 6 avril, dès l’aube, les habitations d’une soixantaine de compagnons de toute l’Italie ont été envahies et perquisitionnées par des agents de la Digos. 27 d’entre eux sont inculpés, dont 5 incarcérés sous l’accusation d’association de malfaiteurs. Parmi les compagnons bolognais touchés par la répression, la plus grande partie est active depuis longtemps dans le centre de documentation anarchiste FUORILUOGO, ouvert à Bologne en 2006. FUORILUOGO a été perquisitionné, dévasté et mis sous scellés.
La semaine dernière déjà, les habitations de 8 compagnons de Bologne et Ferrara avaient été perquisitionnées, suite à quelques actions survenues les jours précédents, dont des attaques directes contre des structures de la domination comme ENI, IBM et la Ligue du Nord. Immédiatement, la voix médiatique, laquais de l’appareil répressif, a voulu en parlant de terrorisme, circonscrire un climat général et diffus d’incandescence à une frange bien particulièrement : les anarchistes.
Dans une période de crises et de révoltes qui sont en train de toucher toute la Méditerranée, les patrons et les puissants n’ont rien à offrir et ne pas que frapper ceux qui, criant à voix haute, s’opposent réellement à un monde fait de guerres, d’exploitation, de hiérarchies, de prisons et de centres de réclusion. Nous avons choisi de continuer à le faire sans nous laisser intimider. Ils ne nous arrêteront pas en tentant de réduire notre envie de liberté à des stéréotypes construits à leur image et qui leur ressemblent, basés sur des hiérarchies et des organisations rigides.
Au côté des compagnons arrêtés, aujourd’hui plus que jamais. Parce que la solidarité est une arme.
Nous relançons pour cela la manifestation de samedi 16 avril (rassemblement à 15h piazza XX settembre) contre ceux qui exploitent, bombardent et répriment, aussi bien sur l’autre rive de la Méditerranée qu’à l’intérieur de nos villes. Du côté de ceux qui ne se laissent pas écraser, mais s’insurgent contre ceux qui voudraient les rendre esclaves et exploités.
DU COTE DE CEUX QUI, ÉCRASÉS PAR UN CIEL DE PLOMB CHOISISSENT DE DÉCLENCHER LA TEMPÊTE.
Des anarchistes
Traduit de l’italien de informa-azione, Mer, 06/04/2011 - 23:22
Un rendez-vous à Bologne (à plus forte raison)
Cinq incarcérations, soixante perquisitions dans toute l’Italie (dont deux à Turin), sept contrôles judiciaires, un local de compagnons mis sous séquestre judiciaire. C’est le premier bilan d’une grosse opération répressive contre les compagnons du "Fuoriluogo" de Bologne. L’accusation est celle, que nous connaissons déjà, d’association de malfaiteurs [associazione a delinquere], et les faits spécifiques en cause sont une série d’initiatives et d’attaques contre les centres de rétention, la guerre, le nucléaire, et contre les entreprises qui s’enrichissent dessus -ou en sont directement les responsables (parmi elles l’Eni, mais aussi la Misericordia de Giovanardi et la banque Unicredit)- et aussi contre ceux qui diffusent à grands cris la guerre et la détention de masse (la Ligue du Nord).
Selon certaines agences de presse, au centre de cette "association criminelle", il y aurait également un "journal clandestin" : il s’agit de "Invece", dont nous avions publié ici plusieurs extraits. Les flics le cherchaient fiévreusement chez nous ce matin, mais vous pouvez le trouver tranquillement dans la plupart des distros du mouvement, ou bien en nous écrivant.
Nous vous donnerons plus d’infos dès que les traits précis de cette histoire seront plus clairs. Inutile de vous dire, pourtant, que la meilleure manière d’être avec nos compagnons bolognais qui se sont retrouvés pris dans cette histoire judiciaire, et qui ont pour le moment les mains liées, est d’utiliser les nôtres pour continuer la lutte. Les thèmes, au reste, appartiennent à tous, et les occasions ne manqueront pas un peu partout. Parmi elles, il y a aussi la manifestation que les incarcérés prévoyaient pour le 16 avril à Bologne.
Mise à jour 7 avril : il y a un sixième compagnon parmi les arrêtés de hier, qui est aussi en prison, mais à Ferrara. Il s’agit de Francesco, et uniquement pour lui, l’audience de validation de l’arrestation aura lieu demain. Les cinq autres sont à la taule bolognaise de la Dozza. Pour la manif de samedi 16 avril, un bus partira de Turin. Pour s’inscrire, on peut réserver le plus rapidement possible en... voir le site de macerie
Traduit de l’italien de macerie, le 6 avril 2011.
Source : La base de données anarchistes
mardi 19 avril 2011
dimanche 17 avril 2011
"Tout le monde dehors !"
Dan libéré !
Cependant, si la joie de le retrouver hors-les-murs est bien présente, il n'y a pas de victoire car juges et flics ne cesserons pas pour autant de nous persécuter, nous comme bien d'autres, parce que l'État existe encore.
Tout continue, avec la liberté pour horizon.
Solidarité avec les prisonniers en lutte à travers le monde.
Feu à toutes les prisons
Feu à tous les palais de justice.
Sabotons la machine à expulser.
source : http://nantes.indymedia.org/article/23506
vendredi 15 avril 2011
Rafle anti-anarchiste en Italie
Un épisode très grave et d’une proportion assez exceptionnelle, même pour un pays très fortement répressif comme l’Italie, a eu lieu hier matin dans la péninsule. Plus de 300 flics ont fait des descentes chez au moins une soixantaine de camarades proches de la mouvance soi-disant "insurrectionnaliste" à Bologne, Ferrare, Modène, Rome, Padoue, Trento, Reggio Calabria, Ancona, Turin, Lecce, Naples, Trieste, Gêne, Teramo, Forlì, Ravenne et Milan.
Le bilan est très lourd : 27 d’entre eux sont mis sous enquête et le procureur a ordonné des limitations de la liberté personnelle contre 12 personnes (dont 5 incarcérations). En outre, le Centre Social FuoriLuogo (Bologne) a été fermé et cadenassé.
L’opération policière a été largement médiatisée. Les flics parlent d’antagonistes qui avaient cristallisé leurs luttes sur des cibles clés : l’Eni (l’entreprise italienne du pétrole, complice de Khadafi), les forces de police, des cibles du pouvoir économique, des groupe politiques (la Lega Nord, le parti populiste du Nord de l’Italie) ainsi que les symboles des politiques gouvernementales qu’ils combattaient (les centres d’identification et d’expulsion pour migrantEs).
Les enquêteurs ont déclaré que les anarchistes se coordonnaient grâce à un dangereux journal qu’ils diffusaient à travers toute l’Italie et qu’ils (les flics) ont d’ailleurs cherché avec acharnement pendant les perquisitions. Il ne s’agit de rien d’autre que de l’excellent "Invece" dont on vous avait proposé quelques extraits il y a quelques temps .
Libertà per Stefi, Anna, Martino, Nicu, Bob e Strego
Pour celles et ceux qui voudraient écrire aux personnes arrêtées :
Martino Trevisan Robert Ferro Nicusor Roman Stefania Carolei Pistolesi Anna Maria
c/o casa circondariale via del Gomito 2 40127 bologna casa circondariale via del Gomito 2 40127 bologna
Source : "Le Réveil", journal de la nébuleuse autonome romande.
Italie/raid policier dans 16 villes contre les anarchistes :
60 perquisitions, 26 mis en examen et 5 incarcérés
(Le 6 avril 2011)
Italie/raid policier dans 16 villes contre les anarchistes :
60 perquisitions, 26 mis en examen et 5 incarcérés
Depuis ce matin 6 avril à l’aube : 26 compagnons mis en examen, dont 5 incarcérés à Bologne, considérés comme les promoteurs d’une "association de malfaiteurs à finalité terroriste" ["associazione a delinquere con finalità eversive"]
Pour leur écrire :
Martino Trevisan
Robert Ferro
Nicusor Roman
Stefania Carolei
Pistolesi Anna Maria
c/o
casa circondariale
via del Gomito 2
40127 bologna
Italie
D’après l’article de La Repubblica [traduit uniquement parce que les compagnons n’ont pas encore sorti de texte à cette heure. A lire avec TOUTES les précautions d’usage, c’est bien sûr un article entièrement et particulièrement policier] :
Bologne, 6 avril : Plus de 300 hommes engagés dans 16 villes, de l’Emilie-Romagne aux Pouilles et la Campanie, dans une opération anti-terroriste partie de Bologne, contre les militants anarcho-insurrectionalistes. La police du chef lieu Émilien a conduit aux premières lueurs du jour 60 perquisitions contre les responsables de l’aile anarcho-insurrectionaliste du mouvement anarchiste. Ces mesures ont été accomplies dans le cadre d’une enquête coordonnée par le parquet de Bologne, et effectuée par la Digos local et sa direction nationale [direzione centrale della Polizia di Prevenzione (Ucigos)].
Molotov et raids incendiaires. L’enquête part de loin, de 2009, et a été complétée fin 2010 par des faits récents. Il s’agit par exemple de campagnes anarchistes de propagande mais aussi d’épisodes comme ceux contre le centre de rétention de Bologne, la banque Unicredit, contre la [multinationale italienne du pétrole] Eni.
Cinq incarcérés et sept autres sous contrôle judiciaire. Dans le viseur, ceux qui fréquentaient le local [anarchiste] bolognais “Fuoriluogo”, mis sous séquestre judiciaire. La Digos a exécuté 12 mesures préventives : 5 incarcérations et 7 assignations à résidence [pour ceux qui demeurent hors de Bologne] ou interdiction de la ville [pour ceux qui y habitent], pour des épisodes de subversion, dégradations, incendies et autres délits.
Un des arrêtés est suspecté de l’attaque incendiaire contre le siège de l’Eni, et se trouve incarcéré pour attentat à finalité terroriste. L’accusation se base sur une écoute téléphonique, dont la police déduit [sic] que l’auteur aurait à faire avec le raid de l’Eni [et selon d’autres journaux aussi sur un micro placé dans le duplicopieur utilisé à Fuoriluogo]. Selon les enquêteurs, le groupe avait formé une association [sodalizio, en italien] visant à agresser leurs ennemis politiques et sociaux, identifiés comme les forces de police, les centres de pouvoir économique (banques et entreprises), diverses forces [partis] politiques, et des symboles comme les centres de rétention. Le poids des mesures préventives dépend du rôle présumé joué dans l’association : les incarcérés sont considérés comme ses promoteurs, les autres comme de simples participants.
La qualification retenue est l’association de malfaiteurs à finalité terroriste, dont l’objet est la réalisation d’action délictueuses de nature violente contre les personnes et les choses, réalisées à Bologne : ces derniers jours un raid incendiaire contre les bureaux de IBM et de l’ENI.
Opération dans 16 villes. Plus de 300 hommes de la police ont été employés dans cette opération. Les perquisitions ont eu lieu, en plus de Bologne, à Ferrara, Modena, Roma, Padova, Rovereto, Reggio Calabria, Ancona, Torino, Lecce, Napoli, Trieste, Genova, Teramo, Forlì, Ravenna et Milano. Cela parce que le groupe bolognais avait des contacts avec d’autres villes à travers une revue clandestine [triple sic, c’est un mensuel d’agitation dispo et en vente à 1 euro partout, et tiré à plus de mille exemplaire] : "Invece".
Traduit de l’italien, publié sur informa-azione, Mer, 06/04/2011 - 13:35
Source : Cette Semaine, les brèves du désorde.
mercredi 13 avril 2011
"La fin du monde"
Le 31 septembre 1999 dans la centrale nucléaire de Tokaimura, sur la côte Pacifique du Japon, s'est déroulé le plus grave accident nucléaire depuis Tchernobyl. Lors d'un test en laboratoire, trois techniciens ont versé seize kilos d'uranium dans une cuve prévue pour en contenir un peu plus de deux. Cette erreur a provoqué une réaction en chaîne qui s'est prolongée plusieurs heures, contaminant toute la zone aux alentours de la centrale sur plusieurs kilomètres. La population du coin n'a été évacuée que quelques heures après l'incident, et il a fallu plus de vingt heures avant que l'intervention de volontaires "n'arrête" -selon le gouvernement nippon- la fuite radioactive. Quoi qu'il en soit, les informations en provenance du pays du Soleil Levant ont fait retenir son souffle au monde entier pendant plusieurs jours.
Parmi tous les désastres dont on nous informe quotidiennement, celui-là ne manque pas de prendre une tournure particulière. Plus que le sida qui pèse sur les promesses des sens, plus que les sophistications alimentaires qui réhabilitent l'anorexie, plus que la pollution atmosphérique qui rend toute respiration désagréable, ce qui est arrivé à Tokaimura projette sur l'époque où nous vivons sa lumière la plus crue et la plus sinistre. Peut-être parce que cette dernière catastrophe nucléaire s'est produite là où s'était consumée officiellement la première, au Japon, donnant l'idée d'un étau qui referme définitivement le panorama de notre avenir en revenant à son point de départ.
Du reste, il s'agit ici de bien plus qu'une conséquence mineur de l'événement qui depuis un demi-siècle a renversé toutes nos perspectives. En se profilant sur un monde susceptible d'être anéanti à chaque instant, la menace atomique a complètement bouleversé notre horizon sensible. Il n'a jamais été possible de mesurer à quel point, au-delà du danger réel, l'éventualité de la destruction nucléaire a frappé notre imagination en nuisant à l'irréalité qui l'anime, et par là à notre soif de liberté. Le nucléaire a réussi à prendre possession de ce désir de fin du monde et à le réduire à une simple possibilité technique au mains de la domination. Ce désir même qui, en un certain sens, incarnait la fascination et la terreur qu'on éprouve devant une liberté sans bornes, et qui donne depuis toujours sa propre démesure à l'imagination. Comment oublier que, jusqu'à la moitié de ce siècle, ce désir de fin du monde a nourri les pensées les plus radicales, constituant la source d'une énergie critique illimitée ? Et comment ignorer que la possibilité même de l'anéantissement nucléaire prive l'imagination de cette perspective infinie ?
En l'occurence, et cela peut sembler paradoxal, le désir de mettre fin au monde a toujours été une des grandes forces motrices de l'être humain. Cette négation absolue était vécue comme l'effort concret d'arracher à l'autorité divine ou terrestre la possibilité de déterminer sa propre existence. Une fois repoussée la peur de la Punition, la fin du monde était devenue la manifestation la plus orgueilleuse de la négativité dans laquelle s'enracinait le désir humain. Le crime de Sade est d'avoir été le premier à avoir dévoilé ce terrible secret scellé dans le coeur de l'individu, et d'avoir été le premier à en tirer les conséquences.
L'angoisse et l'exaltation -liées à la conscience inquiète de cette force de négation- sont faciles à retrouver chez tout ceux qui, de la brèche ouverte par leurs comportements singuliers, ont ouvert le feu sur ce qui les entourait.
Depuis la seconde guerre mondiale, voici pourtant que les possibilités inépuisables qui s'ouvraient dans le Néant Créateur évoqué par Stirner nous paraissent viciées, émoussées, empoisonnées et contaminées dès le départ. Nous savons aujourd'hui que la tabula rasa qui constituait depuis toujours la base d'une transformation sociale radicale n'est plus en mesure de tenir toutes ses promesses. Elle a fini par prendre un air suspect à nos yeux. Quand tout vacille au bord du gouffre, qui veut encore entendre parler de prendre son envol ? Une fois que la destruction s'est enrôlée sous la bannière du nucléaire, qui peut encore oser la considérer comme une joie créatrice ? Et lorsque la domination de la technique a transformé le langage en mode d'emploi, qui peut désormais donner corps à s'insubordination des mots ?
La raison du désintérêt pour les grandes utopies qui a crû petit à petit après 1945 ne doit pas être cherchée ailleurs que dans ce constat : non seulement la réalité nucléaire -avec ses déchets qui ne perdront leur radioactivité que dans des centaines de milliers d'années- nous a privés de la possibilité de nier l'existant, mais elle nous a aussi privés de la possibilité de le faire de manière absolue, dans les deux sens du terme : qu'il s'agisse d'imaginer la fin du monde, ou à l'inverse d'imaginer le début d'un autre monde. Les conséquences pratiques ne sont pas des moindres. En perdant la capacité de négation absolue, nous perdons également celle de penser et d'imaginer la notion même de totalité. La menace concrète d'un anéantissement global et d'une nuit définitive, dans laquelle ont peut plonger d'un instant à l'autre à cause de la main imbécile d'un quelconque technicien, a fait de l'univers un non-univers. Face à un horizon sans point de fuite, on ne se trouve plus devant un horizon, mais face à un mur. Et face à ce mur, nous voilà réduits à notre misérable réalité quotidienne, condamnés à une irresponsabilité des plus indifférentes par rapport à un monde dans lequel nous ne nous sentons plus capables d'agir.
A partir du moment où la tentation d'en finir avec le monde est passée de l'autre coté de la barricade, du coté du pouvoir et de l'argent, notre force de négation a été brisée en mille morceaux, éparpillée dans l'ordre du possible, ne survivant que sous forme de fragments. Une courte démonstration ? Les exemples ne manquent pas dans ce que nous vivons tous les jours, dans la marée de particularismes qui ne semble pas vouloir se retirer, et qui, plutôt que de freiner le processus de confusion généralisée, l'accélère jusqu'à finir par l'enfermer dans un circuit de causes interchangeables (femmes, environnement, homosexuels, salaires minimaux : il serait vraiment vain de s'étendre sur la portée minimaliste de ces causes particulières). Si l'on passe ensuite du terrain des luttes sociales à celui des idées, comment ne pas être frappé par la manière dont l'exaltation du fragment par la meute intellectuelle -ce phénomène contemporain à la prise de conscience de la réalité nucléaire- semble venir à point pour confirmer l'exclusion de la totalité comme catégorie de pensée. Comme si, de l'effacement du sujet jusqu'aux différentes entreprises de déconstruction, notre modernité critique n'avait eu comme objectif réel que d'empêcher de penser la désintégration atomique des êtres et des choses, en la simulant linguistiquement.
Sommes-nous encore capables de prendre la mesure de l'ampleur de la résignation qui nous est promise, lorsqu'on prétend ne pouvoir dire qu'une partie sans le tout ? Nous voilà réduits par avance à être moins que ce que nous sommes. Nous rendons-compte de l'espace vital qui nous est arraché lorsqu'on déclare que la singularité ne pourra jamais illuminer la totalité ? Si la singularité n'est au début rien d'autre qu'un fragment, elle a toutefois la curieuse capacité de ne pas le rester. Au moindre contact avec ce qui l'entour, elle incendie tout le paysage. Sauf bien sûr si on fait de la singularité un fragment qui se suffit à lui-même, sans rapport avec tout ce qui l'entoure, réduit à n'être qu'un fragment au milieu de tant d'autres. Réussissons-nous ainsi à saisir la grossière irresponsabilité d'un monde qui, à travers ce refus délibéré de concevoir la totalité, se prive par avance de la possibilité d'avoir du sens ?
Non pas que je déplore, comme tant d'autres personnes avisées, la perte d'un sens générateur de valeurs et le confusionisme qui en découle. Peut-être faudrait-il rappeler qu'il n'y a jamais eu de sens donné à retrouver, ni de sens trouvé à donner, à moins de s'enfoncer dans les buissons de l'idéologie et de la gnose. J'admets également que les vibrants appels à sauver le monde et l'humanité du désastre qui nous menace ne trouvent en moi aucun écho. Cet humanitarisme de dernier ressort contient à mes yeux quelque chose d'encore plus répugnant que celui des institutions. Comme si ça ne suffisait pas d'avoir symboliquement ou matériellement exploité, pillé et massacré l'environnement naturel et les êtres humains. Quand, par effet boomerang, il s'agit maintenant d'en payer concrètement les conséquences, on pense soudain s'en tirer en usant et abusant de la pire rhétorique humanitaire, sans se rendre compte qu'à ce petit jeu, on ne trompe personne d'autre que soi-même.
En définitive, n'est-ce pas cette culture et cette civilisation de type humaniste qui ont généré en moins de trente ans les camps nazis et staliniens, en plus d'Hiroshima ? La question n'est pas, comme certains l'ont exigé, de savoir si l'art est encore possible après Auschwitz, mais plutôt de chercher ce qui a rendu possible Auschwitz au sein de cette civilisation. Ceux qui s'obstinent à penser que c'est l'endormissement de la raison qui a engendré des monstres, plutôt que l'état de veille de la raison elle-même, ceux qui s'obstinent à dénoncer le mauvais usage de la technique, plutôt que la technique en soi avec sa prétention pathétique à pouvoir résoudre chaque problème tout en libérant l'être humain de l'effort de vivre, ceux-là ne font que resserrer un peu plus le noeud coulant qui nous lie à ce monde.
Si "l'au-delà de nos jours" pouvait sembler à portée de main dans la première moitié de ce siècle, cette soif d'aurore s'est aujourd'hui perdue dans un nuage radioactif. A présent que nos jours sur cette terre pourraient bien être comptés et peu porteurs de changements, il paraît qu'il ne resterait plus qu'à en mendier l'ici-bas. Mesurer la régression accomplie sur les sentiers de l'utopie en l'espace de quelques décennies n'est pas bien compliqué. Dans un monde où, comme cela a été justement soutenu, la simple survie de l'espèce est devenue une revendication révolutionnaire, les révolutionnaires en sont réduit à revendiquer la continuation des espèces. Question de bon sens, sans doute. Pour changer le monde, encore faut-il qu'il existe encore. De cette façon, la lutte pour la survie a remplacé le combat pour une liberté sans limites.
Une fois engagés sur cette pente, au nom de quoi pouvons-nous encore nous étonner de la frilosité des désirs qui se satisfont d'une maison, d'une voiture ou d'une croisière organisée ?
Peut-être au nom d'un passé mythique dans lequel nous nous obstinons à puiser tout ce dont nous percevons le manque, sans même l'avoir expérimenté nous-même ? La communauté humaine, le goût de la nourriture d'autrefois, la nature sauvage, l'odeur des livres imprimés avec une presse, le savoir-faire des vieux métiers, et autres nostalgies agréables pour celui qui aimerait s'endormir le soir avec la certitude de retrouver le lendemain le monde tel qu'il l'avait laissé. S'il en était ainsi, le vent radioactif ne devrait avoir d'autre effet que de soulever la poussière que nous serions déjà devenus.
Face aux bêlements humanitaires qui nous assomment toujours plus, tel le chant rituel accompagnant chaque nouvelle catastrophe, je ne peux m'empêcher de garder une confiance intacte en cette force de négation qui constitue la seule énergie dont je désire m'irradier. S'il n'est pas passé un jour au cours de ces dernières décennies sans que ne se dégrade l'espoir d'un "renversement de sens", cela vient uniquement confirmer à quel point la condition humaine actuelle doit être supprimée. Après le jour du Jugement dernier, c'est le dernier jour de la terre qui ne doit plus nous inspirer de terreur. Parce que tous les désastres de Tokaimura ne parviendront pas à contaminer le sens d'un vieux cri de bataille : la liberté ou la mort.
Maré Almani
Source : traduction française par Mutines Séditions,
publiée dans le recueil "Diavolo in corpo 1999-2000"
Voir également :
Un récit documenté des évènements de la centrale de
Tokaimura sur Dissent-Media, site d'information sur le nucléaire.
mardi 12 avril 2011
Manifestation Anti-nucléaire à Tokyo
Les slogans dénonçaient l'absence de remise en cause du modèle nucléaire (Des pancartes dénonçaient le danger de mort pour l'être humain, la planète, les animaux...), les mensonges du gouvernement et la rétention d'informations et réclamait de l'aide pour les sinistré-e-s, livrés à eux-mêmes et elles-mêmes dans la plupart des cas.
Source (infos en continu et photos sur le sujet ):
http://laterredabord.fr/Fukushima/
lundi 11 avril 2011
"Earthlings" (documentaire)
"Qui a peur des vegans ?" (suite 1)
[Extrait à propos de la condition animale, tiré de "Mémoires" par Louise Michel, anarchiste révolutionnaire, institutrice, communarde,
bagnarde et poète]
"Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes. Depuis la grenouille que les paysans coupent en deux, laissant se traîner au soleil la moitié supérieure, les yeux horriblement sortis, les bras tremblants, cherchant à s’enfouir sous la terre, jusqu’à l’oie dont on cloue les pattes, jusqu’au cheval qu’on fait épuiser par les sangsues ou fouiller par les cornes des taureaux, la bête subit, lamentable, le supplice infligé par l’homme.
Et plus l’homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent.
Des cruautés que l’on voit dans les campagnes commettre sur les animaux, de l’aspect horrible de leur condition, date avec ma pitié pour eux la compréhension des crimes de la force.
C’est ainsi que ceux qui tiennent les peuples agissent envers eux ! Cette réflexion ne pouvait manquer de me venir. Pardonnez-moi, chers amis des provinces, si je m’appesentis sur les souffrances endurées chez vous par les animaux.
Dans le rude labeur qui vous courbe sur la terre marâtre, vous souffrez tant vous-même que le dédain arrive pour toutes les souffrances. Cela ne finira-t-il jamais ?
Les paysans ont la triste coutume de donner de petits animaux pour jouets à leurs enfants. On voit sur le seuil des portes au printemps, au milieu des foins ou des blés coupés en été, de pauvres petits oiseaux ouvrant le bec à des mioches de deux ou trois ans qui y fourrent innocemment de la terre ; il suspendent l’oiselet par une patte pour le faire voler, regardent s’agiter ses petites ailes sans plumes.
D’autres fois ce sont de jeunes chiens, de jeunes chats que l’enfant traîne comme des voitures, sur les cailloux, ou dans les ruisseaux. Quand la bête mord le père l’écrase sous son sabot.
Tout cela se fait sans y songer ; le labeur écrase les parents, le sort les tient comme l’enfant tient la bête. Les êtres, d’un bout à l’autre du globe (des globes peut-être !), gémissent dans l’engrenage : partout le fort étrangle le faible. Étant enfant, je fis bien des sauvetages d’animaux ; ils étaient nombreux à la maison, peu importait d’ajouter à la ménagerie. Les nids d’alouette ou de linotte me vinrent d’abord par échanges, puis les enfants comprirent que j’élevais ces petites bêtes ; cela les amusa eux-mêmes, et on me les donnait de bonne volonté. Les enfants sont bien moins cruels qu’on ne pense ; on ne se donne pas la peine de leur faire comprendre, voilà tout.
[...]
Il m’arrive souvent, en remontant à l’origine de certaines choses, de trouver une forte sensation que j’éprouve encore telle à travers les années.
Ainsi, la vue d’une oie décapitée qui marchait le cou sanglant et levé, raide avec la plaie rouge où la tête manquait ; une oie blanche, avec des gouttes de sang sur les plumes, marchant comme ivre tandis qu’à terre gisait la tête, les yeux fermés, jetée dans un coin, eut pour moi des conséquences multiples.
J’étais sans doute bien petite, car Manette me tenait par la main pour traverser le vestibule comme pour faire un voyage.
Il m’eût été impossible alors de raisonner cette impression, mais je la retrouve au fond de ma pitié pour les animaux, puis au fond de mon horreur pour la peine de mort.
Quelques années après, on exécuta un parricide dans un village voisin ; à l’heure où il devait mourir, la sensation d’horreur que j’éprouvais pour le supplice de l’homme se mêlait au ressouvenir du supplice de l’oie.
Un autre effet encore de cette impression d’enfant fut que jusqu’à l’âge de huit à dix ans, l’aspect de la viande me soulevait le coeur ; il fallu pour vaincre le dégoût une grande volonté et le raisonnement de ma grand’mère, que j’aurais de trop grandes émotions dans la vie, pour me laisser aller à cette singularité."
tirés de "Mémoires".
Hirondelle
Hirondelle qui vient de la nuit orageuse,
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,
Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.
Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.
Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.
Extraits de "à propos du végétarisme"
[Par Elisée Reclus, géographe, anarchiste, "légumivore" végétarien.
A cette époque, le végétalisme et/ou le véganisme n'avaient pas
encore été clairement théorisés. Mais l'essentiel des réflexions
que fait Reclus restent pertinentes, même d'un point de vue Vegan]
"Chacun de nous, surtout ceux qui ont vécu dans un milieu populaire, loin des villes banales, uniformes, où tout est [39] méthodiquement classé et caché, chacun de nous a pu être le témoin de quelqu’un de ces actes barbares, commis par le carnivore contre les bêtes qu’il mange. Il n’est pas besoin d’aller dans telle Porcopolis de l’Amérique du Nord ou dans un saladero de La Plata pour y contempler l’horreur des massacres qui constituent la condition première de notre nourriture habituelle. Mais ces impressions s’effacent avec le temps : elles cèdent à cette éducation funeste de tous les jours qui consiste à ramener l’individu vers la moyenne, en lui enlevant tout ce qui en fait un être original, une personne. Les parents, les éducateurs, officiels et bénévoles, les médecins, sans compter le personnel si puissant qu’on appelle « Tout le monde », travaillent de concert à endurcir le caractère de l’enfant à l’égard de cette « viande sur pied », qui pourtant aime comme nous, sent comme nous, et pourrait progresser aussi sous notre influence, à moins qu’elle ne régresse avec nous.
Car c’est là précisément une des conséquences les plus fâcheuses de nos moeurs carnivores, que les espèces d’animaux sacrifiées à l’appétit de l’homme aient été systématiquement et méthodiquement enlaidies, amoindries, avachies dans leur intelligence et leur valeur morale. Le nom même de l’animal en lequel a été transformé le sanglier est devenu la plus grossière des insultes : la masse de chair que l’on a vue se vautrer dans les mares nauséabondes est si laide à regarder qu’on évite bien volontiers toute analogie de nom entre la bête et les mets qu’on en tire. Quelle différence de forme et d’allure entre le moufflon qui bondit sur les rochers des montagnes et le mouton qui, désormais dépourvu de toute initiative individuelle, simple chair abrutie livrée à la peur, n’ose plus s’éloigner du troupeau, se jette de lui-même sous la dent du chien qui le poursuit. Même abâtardissement pour le boeuf, que nous voyons maintenant se mouvoir péniblement dans les prairies, transformé par les éleveurs en énorme masse ambulante aux formes géométriques, comme dessinées d’avance pour le couteau du boucher. Et c’est à produire des monstres pareils que nous appliquons l’expression d’« élevage » ! Voilà comment les hommes accomplissent leur mission d’éducateurs à l’égard de leurs frères, les animaux ! [40]
Au reste, n’est-ce pas ainsi que nous agissons envers la nature entière ?""Anti-Nucléaire !" RDVs et autres joyeusetés...
On devrait se contenter de compter
les morts … et d’écouter les experts
Rappelez-vous combien de fois les médias nous ont répété que la situation était sous contrôle avant de nous annoncer le contraire. Après chaque catastrophe on nous apprend que des techniciens, des experts, savaient, avaient émis des rapports inquiets sur l’état de telle cuve, de tel système, avaient alerté les autorités concernées… Alors un très haut niveau de sécurité, qu’est-ce que c’est ? C’est une faible probabilité de vivre une catastrophe nucléaire. Autrement dit, c’est vivre avec et sous le risque permanent d’une catastrophe du type de Tchernobyl, de Fukushima ou pire… C’est un pari. L’énergie nucléaire est aussi mortifère qu’immaîtrisable.
Mortifère à chaque instant. Hors catastrophe, le fonctionnement «normal» du nucléaire, c’est l’empoisonnement des populations nigériennes par les mines d’uranium, ce sont les trimardeurs du nucléaire qui doivent «bouffer des doses» à chaque arrêt de tranche, ce sont les petite fuites par ci, les petits mensonges par là… À Nogent-sur-Seine par exemple, ce sont les balises de mesure de l’iode radioactif qui sont tombées en pannes plusieurs heures le 6 mars dernier, ce sont 27m3 d’eau potentiellement radioactive, qui se sont écoulées le 19 mars dernier…
Qui a décidé que cette menace sur l’humanité était acceptable ? Les militaires, en développant l’arme nucléaire, et de très gros industriels, qui ont créé un lobby officiel (la commission PEON) pour «éclairer» les choix gouvernementaux.
Le risque zéro n’existe pas !
Abus et ironies de langages. Tout le monde a entendu qu’il y avait au Japon des doses 100 fois voire 1000 fois supérieures à la normale. Ce vocabulaire a été conçu pour abuser les populations. Une dose normale, c’est une dose équivalente aux limites autorisées, limites fixées par les autorités. Elles sont déterminées selon un calcul coût/avantage, à savoir les avantages du nucléaire (prix de l’électricité, bénéfices, emplois…) et les dégâts potentiels sur notre santé. Il n’a jamais été question d’un quelconque choix. On nous impose cette industrie pour laquelle un cancer ou un risque de fuite ne pèsent pas lourds face aux profits qu’elle peut faire.
L’illusion de la transparence
On nous bassine avec la transparence, mais on attend toujours que le réseau d’alerte mondial, qui mesure la radioactivité pour repérer d’éventuels essais atomiques aériens clandestins, communique les données sur le nuage de Fukushima… Publier les chiffres, c’est potentiellement mettre le doigt sur les dangers du nucléaire. La transparence est certes une exigence minimale dans le contexte actuel, mais n’oublions pas que la transparence n’abolira jamais le danger.
Nucléaire : symbole d’un État autoritaire
Croit-on qu’on peut remettre notre sort entre les mains de ceux qui nous avaient prétendu avec arrogance que leur technique était sûre, que les précautions étaient surdimensionnées, et que même l’imprévisible avait été prévu ?
Les experts ont finalement reconnu que le risque zéro n’existait pas, sans pour autant arrêter leurs projets, les autorités ont prétendu tout maîtriser, même le passage des nuages aux frontières. En ce qui concerne la sécurité, c’est aux experts militaires qu’elle est confiée : militaires chargés de trier les populations, de les enfermer (pardon de les confiner), de les empêcher de circuler (pardon de les protéger) mais aussi de choisir quelques élus pour s’envoler vers des territoires «sains». La société nucléaire est bien une société policière…
source : "Les liquidateurs du vieux monde"
Ouverture d'un nouveau site
anti-nucléaire et anti-autoritaire :
"Les liquidateurs du vieux monde"
"Ce site a pour but de compiler les écrits, sons et vidéos de critique et de réflexions sur la société nucléaire. Créer une base de données de textes et autres supports sur les luttes passées et actuelles en provenance de différents pays et écrits dans une perspective anti-autoritaire. Placer la remise en cause du nucléaire dans une critique plus large du monde qui va avec. Tout cela pour se donner des outils dans les luttes en cours et à venir et avoir prise sur ce sujet."
dimanche 10 avril 2011
"Retour sur la manif antifa" (Lyon)
Retour sur la manifestation antifasciste du 9 avril à Lyon
Plus de 2000 personnes ont participé samedi 9 avril à la manifestation contre le fascisme appelé à Lyon par le collectif 69 de vigilance contre l’extrême-droite pour pointer la recrudescence des violences fascistes et demander la fermeture du local néo-nazi de gerland.
Pour le contexte lire : Retour sur 2 ans de lutte à Lyon contre l’extrême-droite et ses agressions
Sous un soleil estival, le cortège parti de la place Bellecour a rapidement avalé le (petit) parcours jusqu’à la place Jean Macé. La manifestation a moins mobilisé que l’année dernière mais paraissait plus déterminée.
Les organisations politiques et syndicales étaient moins représentées que la manifestation de l’année dernière suite à l’agression de militants syndicalistes. Mais le dynamisme des cortèges antifascistes radicaux, particulièrement fournis, a largement compensé.
Après une arrivée à Jean Macé où les mobiles bloquaient toute progression vers le local néo-nazi, une grosse partie du cortège est repartie vers la place Bellecour, puis vers les Terreaux. Finalement ce bout de manif improvisée fût le plus réjouissant, et les rues pleines de passants du samedi aprèm ont vibré aux sons des « Alerta Antifascista » et autres « Lyon Antifa »…
Source : Rebellyon.info
source : Rebellyon.info
D'autres photos : http://www.flickr.com/photos/ronwood38/
mercredi 6 avril 2011
"Qui a peur des vegans ?"
[Suite à l'article anti-vegan "Le véganisme, une mode pour temps de crise", publié dans le journal de l'O.C.L (organisation communiste libertaire) "Courant Alternatif", et signé par l'organisation, consultable -ici-, (on vous invite à y consulter les réponses contradictoires des lecteurs et lectrices de cet article) nous publierons régulièrement des textes pour défendre le choix du véganisme comme moyen de remettre en cause l'exploitation animale ET humaine, l'exploitation et la destruction de la Terre, et une culture fondée sur l'appropriation et l'anéantissement des êtres sensibles et du reste de la nature avec pour prétexte que cela serait justement "naturel" et "hédoniste". On commence avec deux réponses à l'article sus-mentionné : une des vegans de l'action antispéciste (de tendance anarchiste), et une autre de la philosophe Agnese Pignatoro.]
"Les anarchistes et leur esprit français"
par l'Action Antispéciste.
Qui a peur des vegans ?
L’O.C.L via son journal courant alternatif vient de publier un article s’attaquant à
l’antispécisme et au mouvement « Végan ». L’article se nomme « Etre vegan : une mode
en temps de crise ».
A la première lecture de l’article, on peut se demander quel est l’intérêt d’attaquer le
mouvement vegan ? Un mouvement qui fait d’habitude peur « aux industriels et
policiers » comme le disait "Le Monde". L’article s’attaque particulièrement aux vegans
« politiques » et donc à ceux qui militent contre le capitalisme et se rapprochant des
luttes d’extrême gauche.
Cet article écrit par une sorte de guide suprême de la révolution libertaire parle au
petit peuple pour lui expliquer en quoi le véganisme n’est pas libertaire. Cette démarche autoritaire montre que l’article ne questionne pas la liberté individuelle ou
collective et le véganisme, non : il défend une idéologie. L’idéologie défendue est celle,
comme la remarqué le site « La Terre D’abord », du beauf français.
Tout d’abord, l’article nous explique que la France résiste au véganisme par le fait que
son histoire la préserve du puritanisme anglosaxon.
Ce racisme comme quoi, nos camarades d’autres pays seraient plus naïfs du fait d’un sombre passé puritain. En revanche la france, terre de bidoche, doit être fière de son passée, de son histoire, de son peuple uniforme et viandard.
En tant que libertaire, je ne me réfère pas à la france, que je ne considère même pas
comme une entité culturelle et historique, et les peuples bretons, basques, occitans ?
Sont-ils puritains ou libérés du véganisme grâce à l’esprit français ?
Le véganisme n’est pas une nouvelle culture urbaine, c’est une culture révolutionnaire
balayant la veille france et le sentiment raciste national pour une culture
internationale égalitaire et solidaire. Cette culture se base sur des camarades qui
risquent leur vie et vivent les sanctions des états et du capitalisme, se référant à des
camarades partageant notre pensée, que dire des Tolstoï, Louise Michel … et tant
d’autres ayant choisi de vivre le communisme libertaire par le respect radical et la juste
égalité comme principe commun : le véganisme.
Que dire sur les relents aigres de n’avoir pas pu avoir sa bidoche alors que des
camarades proposent pour tous une nourriture solidaire, éthique et accessible au plus
grand nombre.
Cet article mérite d'être diffusé, pour voir ce qu’est l’idéologie française, celle qui
pervertie les mouvements politiques. La France n’existe pas.
Qui sont ces libertaires qui craignent ceux qui vivent pour promouvoir justice, égalité,
solidarité par la lutte pour tous ! La libération animale est internationale !
http://laterredabord.fr/?p=7115
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"Emotions, solidarité
et libération animale"
L'Organisation Communiste Libertaire a publié sur sa revue, Courant Alternatif, un article contre le véganisme ("Être vegan, une mode pour temps de crise"). Cet article a déjà été commenté et a eu ce qu'il meritait. Ici, je vais juste discuter deux points en particulier.
1/ Il est dit dans cet article que les antispécistes jouent sur le pathos ou sur des images choc pour faire accepter leur vision du monde. Soit dit en passant que les auteurs de cet article ne semblent pas non plus vouloir renoncer à l'efficacité du pathos : en effet, ils manipulent les émotions du lecteur, lorsqu'ils le poussent à croire que les antispécistes sont les ennemis du plaisir, « sans lequel il n'y a pas de vie supportable ».
Ceci dit, il faudrait en réalité se demander pour quelle raison beaucoup d'individus sont touchés par des arguments « pathétiques » ou des images choquantes concernant les animaux maltraités et tués, d'autant plus que notre société n'encourage pas la sensibilité envers les animaux, au contraire, elle la stigmatise. La réponse est que de fait, dans la plupart des cas, les humains ne sont pas indifférents vis-à-vis de la souffrance et de la mort des animaux. L'empathie envers les animaux existe indépendamment de l'antispécisme. L'OCL ferait donc bien de centrer sa réflexion sur son vrai objet, l'existence de cette empathie qui gêne, et commencer en faisant son examen de conscience. En effet, les auteurs de l'article affirment préférer les élevages en plein air et des méthodes d'abattage « les moins cruels possibles », en ajoutant même qu'« il n'y a pas besoin de discuter longtemps » pour justifier cette préférence. Pourquoi ?
2/ Selon l'article, « les revendications de la politique (doivent être) portées par les intéressés eux-mêmes », ce qui amènerait à exclure les animaux de la sphère du « politique ». La politique, dit l'article, est une question « d'auto-émancipation, sinon on est dans la prise en charge, la charité, la pitié ». L'OCL semble avoir une vision impitoyable de la société : gare à ceux qui ne peuvent pas s'émanciper par eux-mêmes ! Si ce point de vue était vrai, il y aurait plein d'humains dont les exigences vitales ne pourraient pas être considérées comme relevant du « politique » : toutes les personnes qui n'ont pas les moyens - physiques, psychiques, intellectuels - de développer leur conscience de classe et d'organiser leur résistance. Certes, elles pourront se débattre, se révolter, comme le font les animaux aussi, mais selon l'opinion de l'OCL ça restera individuel, personnel, donc non politique.
Or cette vision de l'être humain est ultra-libérale et ultra-classiste, car elle présuppose une autonomie totale de l'individu sous tous les points de vue, ce qui est une abstraction conceptuelle et une mystification sociale. Ce qui plus est, elle établit une alternative entre auto-emancipation et charité, entre tout ou rien, mais cette altenrative est fausse. Il y a en effet un troisième élément que l'OCL semble avoir complétement oublié : la solidarité. En quoi la solidarité est-elle différente de la charité et de la pitié ? Évidemment, en ce que ces dernières ne font que fournir une aide ponctuelle à une personne ou catégorie sociale sans en mettre en question le statut, tandis que la solidarité implique la reconnaissance du caractère politique de la situation de difficulté de l'autre (par analogie avec sa propre situation d'oppression), et souhaite la fin de l'oppression dont l'autre est l'objet (en même temps que de la sienne). Si la charité est bourgeoise, car respectueuse de l'ordre social, la solidarité est révolutionnaire, car elle participe au renversement de cet ordre. En ce sens, on peut bien être solidaires des animaux. Comme l'étaient les féministes et les travailleurs qui participèrent aux émeutes anti-vivisectionnistes du Brown Dog à Londres en 1907. L'existence d'une solidarité entre opprimés humains et animaux semble aussi ressortir d'une enquête menée par la sociologue Geneviève Cazes-Valette - une chercheuse qui ne défend pas le végétarisme et n'a certainement pas été influencée par l'antispécisme.
En réfléchissant un petit peu, peut-être l'OCL s'apercevra-t-elle que le point 2 contient la réponse au point 1...
- Au sujet de l'émancipation des animaux et de la solidarité, on pourra lire aussi mes deux articles « La question animale : un débat à ouvrir dans le mouvement anticapitaliste » (Contretemps web) et « L'animal est politique » (Brochure Réflexions sur la Veggie Pride)
"Olivier est sorti de prison"
La chambre de l'instruction, siégant en appel de la décision récente de la juge d'instruction Patricia Simon de le maintenir en détention après un interrogatoire non-concluant (mais comment cela pourrait-il se passer autrement entre une juge et un anarchiste ?), l'a donc remis en liberté. Il reste sous contrôle judiciaire, avec interdiction de voir les autres mis en examen, pointage une fois par semaine au commissariat et... une caution de 2000 euros pour les éventuelles parties civiles.
Camille, arrêtée en même temps que lui et Dan, est toujours sous contrôle judiciaire (avec pointage une fois par semaine et interdiction de sortir sauf pour le taf et les études). Quant au troisième, Dan, il est toujours incarcéré à La Santé.
On peut lui écrire à :
Maison d’arrêt de la Santé
Daniel SAYAG
N° d’écrou : 293 350
42, rue de la Santé
75 674 Paris cedex 14
Liberté pour tous !
Feu aux prisons ! "
source:http://nantes.indymedia.org/article/23435
[Concernant le contrôle judiciaire, on peut lire ou relire :
"La prison à la maison ? Quelques notes sur le contrôle judiciaire"]